- KAYSERI
- KAYSERIKAYSERILe nom moderne de Kayseri désigne l’ancienne capitale de la Cappadoce, baptisée Qaysariyya (Césarée) sous Tibère. Placée au carrefour des routes reliant les ports de la mer Noire et de l’Égée aux pays de l’Euphrate, elle est située à 1 071 mètres d’altitude au cœur de l’Anatolie, sur un plateau fertile au nord de l’Erciyas Dag, l’antique mont Argée.Reconstruite sous Pompée, Kayseri devint une cité romaine pour trois siècles. Après la défaite de Valérien à Édesse en 260, elle fut occupée par les Perses de Sh p r. Au IVe siècle, Kayseri, patrie de saint Basile, est un des centres les plus célèbres du christianisme primitif d’Asie. Intégrée au thème des Arméniaques après la réforme de l’Empire par Héraclius, la ville subit à plusieurs reprises les attaques des Perses. Aux VIIe et VIIIe siècles, Kayseri fut harcelée par des raids arabo-musulmans; trois siècles plus tard, l’Islam s’établit en Cappadoce. C’est vers 1067 qu’y apparurent les premières bandes seldjoukides. Le sultan Alp Arsl n entre en 1070 à Kayseri et la rattache au sultanat de R m. Les croisés l’occupèrent quelque temps en 1097. De 1335 à 1380, Kayseri est la capitale de la dynastie uyghure des Eretnides, puis le cadi Burh n ad-D 稜n la gouverne jusqu’à ce que le sultan Bayazid s’en empare en 1397; ensuite, elle passe aux mains d’un gouverneur soutenu par les Ak Koyunlu. Profitant du succès mongol à Ankara en 1402, les Karam nides annexent la province de Kayseri, qui sera l’enjeu de fréquents conflits. En 1475, Mehmet Fatih prend la ville, dont le prince devient son vassal. Le sultan Sélim rattache définitivement Kayseri à l’Empire ottoman. Depuis 1923, elle est la capitale d’un vilayet de la République turque.On a trouvé à Kayseri des traces de présence hittite (début du Ier millénaire). Les monuments hellénistiques et romains ont presque entièrement disparu. L’église et le couvent construits par saint Basile constituèrent le noyau de la ville byzantine, dotée d’une enceinte (peut-être sous Justinien) et à laquelle se superposa la ville musulmane, qui se développa à partir du XIIIe siècle. Au nord de la place se trouve la citadelle (Kale ) élevée sur des fondations byzantines. De plan irrégulier, elle est construite en blocs de lave avec dix-neuf tours carrées; chacune des deux portes est précédée d’une barbacane à passage coudé. Œuvre des Seldjoukides, elle fut remaniée par les Danishmendides et restaurée à l’époque ottomane.On distingue à Kayseri trois groupes de mosquées: celui de la période danishmendide avec l’Ulu Cami, la Grande Mosquée, celui de la période seldjoukide avec le Külük Camii et la mosquée de Huvant Hatun, enfin celui de l’époque ottomane avec le Fatih Camii et le Kurshunlu Cami. La Grande Mosquée était au début du XIIe siècle le plus vaste sanctuaire de la cité; quatre rangées de supports, piliers ou colonnes remployées, y déterminent cinq nefs et neuf travées. Le Külük Camii, construit en 1210, est l’un des plus anciens oratoires de la ville; le plan de la salle de prière est classique: cinq nefs recouvertes de berceaux brisés. Le Huyant Camii date de 1237; ses murs sont consolidés à l’extérieur par des contreforts, à l’intérieur sept rangées de neuf piliers déterminent les nefs. On notera que les mosquées médiévales ont un plan type: une vaste salle de prière rectangulaire, partagée en un certain nombre de nefs; il y a toujours une coupole devant le mihrab et une autre au centre de la salle recouvrant un espace originellement à ciel ouvert. À l’époque ottomane, le plan est différent: le sanctuaire comporte une cour, sur laquelle s’ouvre un portique, et une salle de prière carrée avec coupole sur quatre pendentifs.Des fort nombreuses madrasas de Kayseri, on retiendra la madrasa de Huvant (peu après 1237), la madrasa Sahibiyé (1268), ainsi que la madrasa Hatuniyé (1431). Toutes sont conçues selon le plan habituel de la madrasa à cour. Par un haut portail, à voussure décorée de stalactites, on pénètre dans une cour rectangulaire bordée de trois côtés par un portique, sur lequel s’ordonnent des pièces; au fond, dans l’axe d’entrée, s’ouvre la large baie d’un iw n. Le nombre de ses turbés a valu à Kayseri le surnom de «ville aux mausolées». Le plus ancien, de plan octogonal et couvert d’un toit pyramidal, date de 1238; c’est le tombeau de Huvant Hatun. Mais le plus remarquable est le Döner Künbet, ou «mausolée tournant» (env. 1276), au décor particulièrement riche. Il est de plan dodécagonal, sur une base carrée où se trouve la crypte renfermant la tombe de la princesse Shah Cihan Hatun, tandis que la salle funéraire abrite le cénotaphe. À l’extérieur, au-dessus des archivoltes en arc brisé, une zone avec deux bandeaux circulaires ornés d’arabesques et une corniche alvéolée sont surmontées d’un toit conique. Des palmettes et des oiseaux décorent les faces aveugles; sur la porte on voit deux félins fantastiques martelés. Il ne subsiste aucune trace des palais anciens. L’architecture civile est représentée par les ruines d’un hôpital (1208), par le Bedestan avec neuf coupoles sur pendentifs et par le Vazir Hani, de la fin du XVIIe siècle. Kayseri est encore de nos jours une ville d’un haut intérêt historique et archéologique; à travers ses monuments, en grande partie restaurés, on peut admirer les thèmes traditionnels de l’art seldjoukide, avec les hauts portails à voussure, les décors des mihrabs et les bandeaux épigraphiques.Kayseriv. de Turquie, au S.-E. d'Ankara, à 1 000 m d'alt.; ch.-l. de l'il du m. nom; 375 940 hab. Industr. text. (tapis de soie).— C'est l'antique Césarée de Cappadoce, prise par les Turcs Seldjoukides en 1070.
Encyclopédie Universelle. 2012.